ASOCIAL

ASOCIAL
ASOCIAL

Enfance irrégulière, malades mentaux, alcooliques, prostituées et prostitués, criminels, vagabonds et clochards, certains malades indisciplinés, chômeurs et diminués physiques non reclassables posent aux médecins, psychologues et sociologues un certain nombre de problèmes voisins qui tiennent à l’impossibilité où ils sont de s’intégrer à la société.

On ne distinguera pas les problèmes de l’enfant et ceux de l’adulte. Les désocialisations commencent dès la prime enfance, tandis que l’asocialité infantile naît, en général, sur un terrain profondément asocial.

Catégories d’asociaux et unité des phénomènes d’asocialité

Le terme asocial est employé dans un sens purement descriptif, signifiant qu’un individu déterminé n’est pas socialement intégré. Le concept ne doit pas être pris dans un sens normatif – ou moral – ni dans un sens pronostique, et encore moins imposer à l’esprit l’idée de la constitution même ou d’une forme définitive de la personnalité.

Ces définitions s’énoncent sur le registre social; certaines sont de nature juridique et parfois totalement artificielles. Ainsi, la répression du vagabondage transforme aussitôt la majorité des clochards en délinquants, et même en récidivistes impénitents; mais leur seule délinquance est le vagabondage. Une répression judiciaire plus sévère de l’alcoolisme transforme en délinquants des sujets (s’agissant des alcooliques et non de la délinquance effectuée sous l’emprise de l’alcool) qui, si on les considérait sous l’angle de critères psychiatriques de l’alcoolisme, pourraient être rangés légitimement parmi les malades mentaux. La prostitution se révèle à l’observation comme une catégorie purement juridique. Sa définition a varié suivant les pays et les époques, qu’elle fût ou non réglementée. Pourtant, un fait demeure: on a pu démontrer qu’il existait une corrélation évidente, en sens inverse, entre le nombre de délinquants et le nombre de malades mentaux, ce qui implique un transfert d’individus comparables, d’une catégorie à l’autre, d’une époque à l’autre.

Récemment, l’accord s’est fait, dans la plupart des pays civilisés, sur l’unité du phénomène de l’enfance irrégulière. Un travail d’équipe réalisé par des juges d’enfants, des psychologues, des éducateurs, des psychiatres et des médecins les a conduits à admettre que seules des circonstances fortuites obligeaient l’enfant à comparaître devant une autorité extrafamiliale (éducateur, médecin, autorité de police) avant ou après un acte qualifié de délit.

Lors de l’occupation allemande en France, durant la dernière guerre, les clochards disparurent de Paris et des grandes villes. Leur vie était devenue quasi impossible avec le couvre-feu, le risque de déportation et le travail obligatoire, la rigueur renforcée de la répression policière. Mais il y avait aussi pénurie de main-d’œuvre, ce qui revalorisa certaines activités telles que celles des chiffonniers ou des travailleurs agricoles saisonniers. Certains furent ainsi réintégrés dans la production, tandis que d’autres y furent utilisés dans des conditions de grande coercition, surtout par les autorités occupantes. D’autres, enfin, se résignèrent, devant le danger imminent, à vivre dans les hospices qu’ils fuyaient auparavant.

Le glissement d’une catégorie à une autre se révèle plus difficile à caractériser si l’on se réfère aux statistiques à grande échelle. On s’aperçoit alors rapidement que les malades catégorisés, internés ou hospitalisés sont en nombre à peu près égal dans les deux sexes, compte tenu de la composition démographique du pays. Par contre, le calcul de la sex ratio fait apparaître une très forte prédominance masculine chez les délinquants et les clochards. Ce déséquilibre est moins évident si l’on admet que la prostitution est un fait d’ordre essentiellement féminin (encore que la prostitution masculine s’étende). On doit donc admettre comme probable que, dans des circonstances pyschosociales parallèles, l’homme verse plus facilement vers la délinquance et le vagabondage, la femme vers la prostitution.

Causes de l’asocialité

On constate une autre continuité: celle de l’anormal et du normal. On sait en effet qu’au moment des grandes guerres, dans tous les pays, même s’ils ne sont pas directement belligérants (ce qui fut le cas de la Suisse pendant les deux dernières guerres mondiales, par exemple), le nombre des malades mentaux diminua considérablement (cf. tableau).

Ce phénomène est complexe; dans certains pays, des causes marginales l’expliquent. Ainsi, les restrictions alimentaires augmentèrent la mortalité des malades mentaux, ils furent en effet plus mal nourris que le reste de la population; quant à l’alcoolisme, il diminua beaucoup. La cause essentielle semble consister dans le fait que, dans une société fortement intégrée, lors d’une grande passion collective, un grand nombre de sujets qui, en temps de paix, ne peuvent vivre hors de l’asile psychiatrique trouvent leur place et sont utilisés.

De même, on remarque que le nombre des prostituées dans chaque pays croît avec l’arrivée d’une population migrante (travailleurs étrangers, armées en campagne), l’application d’une morale sexuelle rigoureuse et la diminution des facilités sexuelles, comme elle croît avec une crise économique qui augmente l’offre féminine. L’expérience montre que, ces circonstances disparues, toute une frange de la prostitution, prostitution occasionnelle, prostitution saisonnière, se résorbe. C’est le phénomène qu’on a constaté dans toute l’Europe après les années 1939-1948. On trouve donc une marge appréciable de la population féminine capable de verser dans la prostitution soit sous l’influence d’une augmentation de la demande (augmentation de la population masculine isolée), soit qu’il survienne une diminution de ses ressources. Ces constatations condamnent, de façon définitive, le système de la prostitution réglementée qui est presque universellement abandonné à ce jour, car sa rigidité juridique le rendait illusoire et dangereux dans la zone marginale. Il était illusoire parce que la surveillance sanitaire s’y exerçait mal ou pas du tout (ce qui était redoutable en ce qui concerne la transmission des maladies vénériennes). Il était dangereux car il risquait de retenir dans un statut définitif, dont les femmes se dégageaient difficilement, toutes celles qui avaient été prises dans ce système.

De la même façon, les restrictions alcooliques de la Seconde Guerre mondiale ont sauvé, malgré eux, un grand nombre de sujets. La lutte contre les toxicomanes en diminue le nombre. La régression est parfois due au fait que les trafiquants de toxiques trouvent ailleurs un marché plus avantageux. Si la drogue est plus répandue aux États-Unis et chez certains peuples nordiques, c’est qu’on y trouve une clientèle susceptible de payer des prix exorbitants. À l’opposé, certaines toxicomanies peuvent avoir pour origine la misère. Pour un individu à la limite de la survie, un stupéfiant coûte moins cher que de la nourriture, ainsi les feuilles de coca pour les Indiens des Andes, le hachisch en Égypte, etc.

Causes sociologiques

Ces données d’une expérience superficielle représentent la meilleure illustration des thèses sociologiques ou socio-économiques classiques de l’asocialité. On a tenté de fonder sur ces thèses une véritable classification étiologique. Parmi les formes de l’inintégration sociale et ses facteurs les plus fréquents, on a remarqué l’absence de qualification professionnelle (travailleurs migrants, travailleurs non instruits, ouvriers agricoles) et les conditions économiques (chômage, exode rural trop rapide). Mais, dans certains cas, les conditions d’infériorité de l’individu sont juridiques et socialement organisées sinon voulues. C’est le cas du relégué, du libéré de prison avec casier judiciaire, enfin du sujet renvoyé de plusieurs entreprises pour des raisons de caractère ou d’opinions politiques et dont les certificats ne facilitent pas l’embauche.

Causes biologiques et psychologiques

On est très vite conduit, même en admettant ces thèses, à faire entrer en ligne de compte des facteurs biologiques ou psychologiques. Les théories qui en découlent s’opposent aux théories socio-économiques. La première infériorité biologique que l’on rencontre est la vieillesse. Par un paradoxe de notre société, le reclassement des sujets devient de plus en plus difficile à partir de 45 ans, alors que la durée de la vie humaine se prolonge et que les possibilités de travail sont encore excellentes entre 40 et 60 ans. Mais il y a aussi les asociaux par débilité mentale ou physique. Les infirmes moteurs, accidentés ou invalides, sont la catégorie la plus anciennement connue. On en rencontre le témoignage dans les gravures de Jacques Callot comme dans la cour des Miracles que décrit Victor Hugo. Longtemps, le jargon hospitalier a désigné sous le vocable péjoratif de pilon le malade chronique à hospitalisation abusive. À l’origine, on désigne sous ce terme la prothèse de l’amputé de la cuisse, terminée par un simple bâton, qui ne permet qu’une caricature de marche et rend l’infirme incapable d’autonomie comme de travail. Il a fallu que les guerres multiplient le nombre des amputés dont la société se sent débitrice pour aboutir à des solutions plus efficaces. Il n’y a cependant pas longtemps qu’un amputé convenablement appareillé et bien rééduqué peut mener une vie normale. Le pilon était donc le symbole de l’abandon par la société et par la science médicale d’un malade qui devenait ainsi, par force, un asocial, méprisé même par les institutions charitables.

Il arrive que l’adaptation sociale soit bloquée au départ par une débilité mentale d’origine biologique ou éducative (faux débiles par fixation affective, refus d’instruction chez un caractériel), par une maladie congénitale ou acquise (épilepsie, alcoolisme), enfin, par des névroses ou des psychoses diverses. Sans doute faut-il faire une place à part à ce que les psychiatres germaniques ou anglo-saxons appellent la psychopathie et la psychiatrie française: perversion instinctive ou déséquilibre. La définition la plus concrète serait peut-être le vieux terme de folie morale. On décrit sous ce nom les sujets d’apparence intégrable, intelligents, actifs et qui présentent un trouble électif de l’adaptation sociale.

Facteurs structuraux

Un problème théorique s’est greffé sur cette catégorisation, la distinction du biologique et du biographique (psychogène). Même une théorie extrême, celle du criminel-né de Lombroso, a suscité, un certain temps, un regain d’attention inattendu avec la découverte d’anomalies chromosomiques chez certains délinquants. Elle avait eu le mérite historique d’attirer l’attention sur les facteurs biologiques. Le bilan de ces facteurs est sans doute loin d’être achevé, on ignore notamment presque tout des anomalies biochimiques et fonctionnelles de l’encéphale comme de leurs retentissements psychologiques. Certes, la psychiatrie anatomo-clinique semble avoir atteint rapidement ses limites, mais cet arrêt partiel laisse toutes ses chances à une psychiatrie psychochimique. Les résultats obtenus par les thérapeutiques pharmacologiques des maladies mentales témoignent de ce que l’avenir peut nous réserver.

Néanmoins, les facteurs mésologiques et éducatifs paraissent trop importants dans nombre de cas pour qu’on puisse purement et simplement les négliger au profit des données biologiques. L’apport des théories psychanalytiques à la criminologie a été, sur ce point, considérable. On peut en citer deux exemples: le caractère symbolique de l’acte délictuel et l’accent mis sur les mécanismes d’autopunition. Que faut-il entendre par ce terme? Dans cette perspective, l’acte ou la conduite sociale est considéré comme un moyen, le but que recherche l’individu étant, réellement quoique inconsciemment, l’échec social ou la punition légale. Dans ce sens, on comprend que la criminologie se soit transformée en victimologie. Dans les crimes de sang comme dans les délits sexuels, les rapports ne sont pas simples ni régis par le dualisme noir-blanc: le couple formé par le criminel et sa victime à souvent une structure réelle.

Prévention et cure de l’asocialité

On a été amené a un certain scepticisme vis-à-vis des catégorisations comme des théories. D’une certaine manière, on pourrait dire que toutes les catégorisations sont fausses et toutes les théories vraies. En présence d’un asocial, quel qu’il soit, le classer dans une catégorie déterminée, c’est souvent s’exposer à ne pas le comprendre. Essayer de le comprendre implique l’usage de toutes les théories évoquées. Chaque asocial représente la résultante de facteurs étiologiques multiples et l’important c’est, dans chaque cas particulier, de démêler l’écheveau afin d’étudier les possibilités thérapeutiques.

Toute classification est donc inutile? Avec Mullink, on opposera les inintégrés actifs et les inintégrés passifs, à condition de bien comprendre que, s’il y a des sujets d’emblée passifs, la plupart des inintégrés deviennent passifs en vieillissant. Les passifs sont volontiers clochards ou alcooliques, les autres criminels, délinquants, proxénètes, malades mentaux qu’il faut interner d’office.

Cette différence pratique a des conséquences administratives. Les inintégrés actifs sont très rapidement l’objet de mesures sociales, parce qu’ils troublent la vie quotidienne des cités. Leur extraversion, leur agressivité même les poussent à créer des néo-sociétés («milieu»); ils arrivent parfois à s’intégrer dans des formations marginales très structurées (mercenaires, bataillonnaires, aventuriers), certains deviennent des héros et se resocialisent.

Les autres, les passifs, n’attirent pas l’attention, sont plus facilement tolérés par la société, la troublent moins en apparence et sont, peut-être à cause de leur passivité même, moins réadaptables encore.

Les considérations précédentes ne semblent pas s’orienter vers une conclusion pratique, mais pourtant, si paradoxal que cela paraisse, elles en sont l’amorce. La thérapeutique sociale, préventive et curative de l’inintégration sociale est déjà possible et même effective sans que la théorie en soit réellement satisfaisante.

Il importe de prendre conscience d’une évolution historique multiséculaire. Nos sociétés se posent le problème de la prison, de son bon usage dans la thérapeutique des délinquants, de la fonction thérapeutique de l’institution pénitentiaire, parce que les prisons sont récentes. Dans les pays civilisés, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la liquidation physique par la peine de mort ou par le bannissement qui en était presque l’équivalent résolvait le problème du récidiviste chronique dangereux. L’adoucissement de la répression a heureusement créé pour les sociétés actuelles un problème à résoudre.

En même temps, l’occupation progressive de toute la surface du globe a fait cesser la possibilité, au moins officielle, de reléguer les asociaux. Pourtant, cette relégation et cette déportation ont permis de créer certaines des collectivités les plus florissantes d’aujourd’hui (par exemple, l’Australie). Ces asociaux étaient probablement des victimes d’une situation socio-économique désastreuse. De même, on ne pend plus les vagabonds et les clochards comme on le faisait couramment au XVIe siècle; on ne déporte plus «aux Amériques» les Manon Lescaut. Les causes socio-économiques (cf. V. Hugo, Dickens, Dostoïevski) qui conduisaient les filles du peuple à la prostitution ont presque complètement disparu.

Si vagabondage, délinquance ou prostitution n’ont pas cessé d’exister, ils ont changé de nature. Ainsi, le problème de l’enfance irrégulière n’a plus guère de rapport, malgré certaines apparences numériques, avec celui de l’époque de saint Vincent de Paul. Le cas de l’enfant abandonné est devenu très rare. Il n’y a jamais eu de familles moins dissociées puisqu’en général on ne perd ses parents qu’une fois arrivé à l’âge adulte. Le problème de l’enfant trouvé et de l’orphelin s’est transformé en celui d’enfants moralement abandonnés, d’enfants désunis par une mésentente ou un divorce. Toutefois, le nombre des enfants abandonnés n’a commencé à devenir important que lorsque l’allaitement artificiel a cessé d’être grevé d’une mortalité telle qu’elle les supprimait pratiquement au cours des deux premières années. On peut dire qu’à travers une certaine constance des chiffres la nature des problèmes de l’enfance a totalement changé en moins d’un siècle.

Chaque fois qu’on agit sur une cause, on peut noter alors qu’une catégorie antérieure de non intégrés sociaux disparaît, mais elle est quelquefois remplacée par une autre. Les travaux qui portent sur cette catégorie marginale de population doivent être renouvelés à chaque instant. L’infanticide a été remplacé par l’avortement.

Par ailleurs, il faut remarquer que cette population, par son caractère marginal, se prête mal à des études objectives. Si on considère l’asocialité comme une branche professionnelle distincte, on peut remarquer que toutes les études bio-psycho-sociologiques sur cette profession n’ont été réalisées que sur des «ratés». On n’étudie pas le délinquant ou la prostituée, mais simplement ceux qui se font prendre, les filles ramassées dans une rafle, et non les personnes entretenues parfois sous la protection d’autorités policières. On sait quel est l’immense écart qui existe entre le nombre des actes délictueux et le nombre de ceux dont on peut trouver l’auteur. Environ la moitié seulement donne lieu à des poursuites. Ce qui fait que, pour la moitié au moins des infractions, on n’arrive même pas à soupçonner un coupable possible.

Si l’on rencontre en prison tant de débiles, tant de déments, tant de pervers, tant de sujets appartenant aux classes défavorisées de la société, tant de gens peu instruits, sans qualification professionnelle, c’est, peut-être, que les autres savent éviter les embûches et surmonter les difficultés, et qu’on a rarement l’occasion de faire sur eux des recherches approfondies.

L’ensemble des asociaux forme une espèce de moule en creux des problèmes que pose une société déterminée. Chaque société a son type d’asocial. D’un point de vue diachronique, on peut trouver une filiation entre les asociaux d’hier et d’aujourd’hui; entre les cyniques qu’a immortalisés Lucien de Samosate et le clochard contemporain; entre la prostitution rituelle de Mésopotamie et la prostitution actuelle; entre le droit pénal romain et le droit pénal d’aujourd’hui. Ces filiations ne sont pas niables. Mais le plus important, c’est une conception synchronique de l’asocialité; comment chaque société, notamment la nôtre, refuse de reconnaître ou de prendre en charge telle catégorie de ses ressortissants.

On parle des difficultés spécifiques de la vie moderne; ce terme est trop général pour être utilisable dans une analyse sociologique. La vie urbaine rend certes de plus en plus difficile l’autonomie des sujets dont l’intelligence est touchée (débiles et détériorés), des sujets manquant de souplesse d’adaptation, de ceux qui ont un fond traditionnel différent de celui de leur milieu, enfin de ceux que les conditions culturelles de leur enfance ont retardés dans l’acquisition de certains mécanismes intellectuels; c’est pourquoi l’on voit, dans les sociétés les plus industrialisées et les plus prospères, s’aggraver, malgré l’amélioration du niveau de vie, le divorce entre la masse de la population et certaines catégories marginales souvent déterminées par l’âge ou par l’origine ethnique. Dans les sociétés multiraciales, de telles difficultés prennent une acuité particulière et conduisent à des situations (apartheid ou violences interraciales) qui sont une forme moderne de ces problèmes.

Beaucoup d’auteurs insistent maintenant sur ce qu’ils appellent le Quart Monde, c’est-à-dire une population qui n’est pas faite de migrants, mais de familles marginalisées depuis plusieurs générations vivant en dehors des circuits normaux de l’économie, ne participant pas à la vie culturelle générale, ayant ses propres normes, accumulant les handicaps et qu’on ne peut espérer faire évoluer que de façon globale. La redécouverte de ce qu’on a appelé le Quart Monde ou la «pauvreté dans les pays riches» s’est faite aux États-Unis et en Europe depuis les années 1960, et l’étude globale de ces groupes sociaux constitue la dimension nouvelle du problème.

asocial, iale, iaux [ asɔsjal, jo ] adj. et n.
• 1912; de 2. a- et social
1Qui n'est pas adapté à la vie sociale, s'y oppose violemment. Un enfant asocial. N. Les clochards, les criminels sont considérés comme des asociaux. marginal.
2(Sujet abstrait) Qui s'oppose à la vie en société. antisocial. Comportement, acte asocial.
⊗ CONTR. Sociable; adapté.

asocial, asociale, asociaux adjectif et nom Qui montre ou marque une incapacité à s'adapter à la vie sociale.

asocial, ale, aux
adj. (et n.) Qui n'est pas adapté à la vie en société.

⇒ASOCIAL, ALE, AUX, adj. et subst.
CARACTÉROL. et SOCIOL.
A.— Emploi adj.
1. [En parlant d'une pers.] Qui ne s'adapte pas à la vie en société, qui ne l'aime pas :
1. ... le salon, le groupe, l'esprit de corps, l'école ou la coterie, au sens soit religieux, soit philosophique, soit littéraire du terme n'ont jamais existé pour moi : je suis asocial, anarchique même au suprême degré; ...
DU BOS, Journal, 1927, p. 301.
2. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui s'oppose à la société, à la vie en société :
2. — La peine est la sanction sociale provoquée par le crime. Comme il a été dit plus haut, c'est elle qui mesure la gravité des troubles causés par l'acte asocial dans la conscience collective : plus celle-ci est violemment traumatisée, plus la peine est sévère.
Traité de sociologie, t. 2, 1968, p. 215.
B.— Emploi subst. [Gén. au plur.] Personne qui ne s'adapte pas à une vie normale en société :
3. Les asociaux sont généralement des inémotifs ou des inactifs.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 473.
Rem. 1. Attesté comme adj. et subst. ds Lar. encyclop., adj. ds ROB. suppl. 2. 1re attest. 1927 supra; dér. de social, préf. a-2. V. aussi ex. de asociabilité.
PRONONC. :[], plur. [-o].
STAT. — Fréq. abs. littér. :7.
BBG. — BIROU 1966. — LAFON 1969. — MARCH. 1970. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MOOR 1966. — MUCCH. Sc. soc. 1969.

asocial, ale, aux [asɔsjal, o] adj. et n.
ÉTYM. Av. 1926, Duhamel; de 2. a-, et social.
———
I Adj. (Cour.).
1 (En parlant d'une personne). Qui n'est pas adapté à la vie en société. || Un enfant asocial.
1 Victor, le Fou comme on l'appelait, qui avait fait merveille pendant la « drôle de guerre », et surtout pendant la débâcle. Caractériel, asocial et cyclothymique, Victor avait traîné dans tous les asiles psychiatriques de l'Ile-de-France avec de brèves périodes de liberté qui s'étaient régulièrement achevées par des extravagances justifiant un réinternement.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 178.
2 (En parlant d'un inanimé abstrait). Didact. Qui n'est pas adapté, qui s'oppose à la société, à la vie en société. Antisocial. || Le comportement asocial des criminels. || Acte asocial.
2 N'importe qui, au XXe siècle comme au XVe comme dans un autre siècle (…) peut avoir le sentiment anhistorique et fondamentalement asocial de la suprême étrangeté universelle et je me demande si ce sentiment insolite, si cet étonnement sans réponse et presque sans question n'est pas la réaction de ma conscience la plus profonde.
Ionesco, Journal en miettes, p. 70.
———
II N. (1927). Plus cour. Personne qui n'est pas intégrée à la société, à la vie en société. Marginal. || Les alcooliques, les malades mentaux, les clochards, les criminels, les prostituées sont plus ou moins considérés comme des asociaux. Désocialisation.
3 Si vous ajoutez que le socialisme ne peut pas se construire par en haut, c'est-à-dire par une délégation de pouvoir à un parti et à ses dirigeants (…) mais par la base, c'est-à-dire par un pari sur les possibilités créatrices de l'homme et de tout homme, par une autodétermination des fins et une autogestion des moyens, alors vous apparaissez comme un danger non pas seulement pour un parti, mais pour tout parti. Un utopiste ! Un hérétique ! Un anarchiste ! Un asocial ! Ce qui est finalement vrai puisqu'il s'agit de la mise en cause de l'ensemble de cette société.
Roger Garaudy, Parole d'homme, p. 260.
4 Les triangles d'étoffe cousus aux vêtements désignaient l'origine des prisonniers (…) Ceux qui portaient le triangle noir des « asociaux » étaient parfois des demi-fous, mais souvent, simplement, des tziganes.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 614.
5 — En vous laissant vivre, le Grand Reich fait preuve d'une mansuétude sans précédent. Les asociales, vous êtes une lèpre sur le corps de l'Allemagne. Les politiques, vous avez lâchement fait assassiner des soldats allemands.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 610.
CONTR. Sociable, social; adapté.
DÉR. Asocialité.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • asocial — ASOCIÁL, Ă, asociali, e, adj. (Despre oameni) Care nu este adaptat vieţii sociale; refractar la integrarea socială. [pr.: ci al] – Din fr. associer, lat. associare. Trimis de cata, 20.10.2006. Sursa: DEX 98  asociál adj. (sil. ci al) → social… …   Dicționar Român

  • Asocial — Saltar a navegación, búsqueda Asocial es aquella relación entre un individuo y su grupo social en el que el primero no se identifica de modo consiente con el último, no hace esfuerzo deliberado alguno para contribuir a su bienestar y es… …   Wikipedia Español

  • asocial — adjetivo 1. Que evita o rehúye la integración en la sociedad: grupo asocial, conducta asocial …   Diccionario Salamanca de la Lengua Española

  • asocial — personalidad que huye de la sociedad. Persona a la que no le gusta comunicarse con otras [ICD 10: F60.2] Diccionario ilustrado de Términos Médicos.. Alvaro Galiano. 2010. asocial Introvertido o que ha abandonado los contactos normales con otros… …   Diccionario médico

  • asocial — 1883, antagonistic to society or social order, from A (Cf. a ) not + SOCIAL (Cf. social); also Cf. ANTISOCIAL (Cf. antisocial) …   Etymology dictionary

  • asocial — *unsocial, antisocial, nonsocial Antonyms: social …   New Dictionary of Synonyms

  • asocial — adj. Que no se integra o vincula al cuerpo social …   Diccionario de la lengua española

  • asocial — [ā sō′shəl] adj. 1. not social; not gregarious; characterized by withdrawal from others 2. showing little concern for the welfare of others; selfish SYN. UNSOCIAL …   English World dictionary

  • asocial — Not social; withdrawn from society; indifferent to social rules or customs; e.g., a recluse, a regressed schizophrenic person, a schizoid personality. Cf.:antisocial. * * * aso·cial ( )ā sō shəl adj not social: as a) rejecting or lacking the… …   Medical dictionary

  • asocial — ► adjetivo SOCIOLOGÍA Que rehúye la integración social. * * * asocial adj. Al margen de la sociedad. * * * asocial. adj. Que no se integra o vincula al cuerpo social …   Enciclopedia Universal

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”